Loup y es tu? M’entends tu?
Mardi dernier, premières tombées de neige! On a sorti les manteaux d’hiver, les gants, les écharpes: passer de 25 à 10°, ça décoiffe. Alors vite, puisque le beau temps revient pour le week end, départ pour le parc national de Jasper. Motivation: voir un ours. Deux ours. Dix ours. Je veux voir des ours!! Nous sommes quinze, on loue deux petits vans. Samedi: balade à cheval. Le ranch est tenu par de vrais cow boys: tout le monde est en tenue, et une partie de l’équipe répare le toit sur un fond de musique country. Pas d’équipement, pas de bombe, juste une scelle: mon cheval Walker trotte, il m’écoute au doigt et à l’oeil, la vue est magnifique, on passe de forêt en lac turquoise, grand soleil, montagnes enneigées au loin. Bref, je suis une vraie fille de l’Ouest quoi (bien sûr que si les filles de l’Ouest ont très très mal au fesses après une petite heure de cheval!). On reprend la route pour Jasper et on cherche l’auberge de jeunesse qu’on a réservé. La nuit tombe, on tourne en rond, ça y est on est bel et bien perdus… et là, en au bord de la toute, à l’orée de la forêt, un énorme « quelque-chose-qui-fait-parti-de-la-famille-du-cerf-mais-sans-bois ». Bon enfin quelque chose qui ressemble à une biche mais en plus gros, et qui fait plus penser à un mâle qu’à une femelle. Pour toute autre suggestion, merci de bien vouloir laisser un commentaire. Il/Elle nous attend. Surexcitation dans la voiture: ça hurle, tout le monde veut une photo.
Le « cerf » hésite, mais il se laisse faire. L’émotion passée, on reprend la route et on arrive enfin à l’Athabasca Falls hostel, elle aussi est perdue au milieu de la forêt… Véritable cabane canadienne: il y a une salle commune chauffée au poêle, il faut enlever ses chaussures avant de rentrer, il n’y a pas d’eau potable, on mange tous ensemble sur une grande table de cantine. Après le dîner, feu de camp dans la forêt: on se sent faire parti de la même petite famille canadienne, le temps d’une soirée… Le ventre plein de chamallows, on se met à la recherche des Northen Lights parmis les milliards d’étoiles que l’on distingue parfaitement, mais en vain. Courte nuit: on a du mal à se coucher, et parmi ces quinze autrichiens, allemands, polonais, chiliens, suisses, français, rares sont ceux qui ne ronflent pas, ne parlent pas dans leur rêve (« spontiblur kanibloom ratchifar (dialecte allemand interprété par moi même), ZZzzZ… chtabluri rtanflush… ZzZzz… oh… sorry… »), ne font pas sonner leur alarme à des heures improbables… Dimanche, randonnée: trois heures dans la forêt qui nous mène à cinq lacs plus grandioses les uns que les autres. C’est bien beau mais c’est qu’on commence à s’y habituer aux arbres, les lacs, l’eau plus bleue que bleue, l’odeur de la forêt comme si personne ne l’avait jamais traversée,le tralalala habituel!
Mais les montagnes sont là pour nous rappeler que le changement de climat n’est pas bien loin… Et toujours pas d’ours, on croise seulement une énorme poule plantée dans un arbre (ne me demandez pas ce qu’elle faisait là) et un pauvre ragondin. Mais, mais, mais… Chemin du retour, dans notre van-auberge espagnole, crissement de pneus: là, au bord de la route, l’air perdu et désorienté… un loup! Il porte un énorme collier électronique autour du cou, et malgré son attitude qui pourrait faire pitié, il reste majestueux et pas vraiment rassurant. Mais comme je suis la seule à craindre qu’il saute à travers notre fenêtre et qu’il nous mange tout cru, je me contente de faire comme tout le monde: je le mitraille de photos. Voilà, je peux rentrer en France l’esprit tranquille: j’ai vu un vrai loup, d’accord ça ne vaut pas un vrai ours, mais j’ai quand même le sentiment d’avoir rentabilisé mon séjour…